mercredi 31 décembre 2008

Agenda: le samedi 10 janvier 2009 à 16 heures, Grenier Jane Tony




Piet Lincken présentera "Le Front Haut" et la "Gondole de l'Orient Express" le samedi 10 janvier 2009 à 16 heures, au Grenier Jane Tony, qui a trouvé refuge à La Fleur en Papier Doré, rue des Alexiens 55, 1000 Bruxelles.Donc plus au restaurant Syrtaki, rue Saint Boniface à Ixelles.

Cette présentation sera suivie par un exposé d'Emile Kesteman sur le thême "La poésie est ouverture" et par des lectures de Marie Braam, récitante.


"Le Front Haut" a dix ans.
"Il est composé de quarante-sept morceaux de prose qui favorisent l'expression narrative et prennent la forme de contes, de fables, d'émotions restituées à partir d'images nettes. La poésie s'y inscrit par le rythme, la musicalité et un art de dire qui nous arrache à l'instant pour nous faire goûter la chair du monde." ( Quatrième de couverture.)


Ce recueil de textes n'a jamais été présenté en Belgique. Il a obtenu une distinction aux Joutes Littéraires de Bourgogne à Dijon, l'année de sa publication.

Quant à mon recueil de nouvelles "La Gondole de l'Orient Express", mon blog et la presse en ont beaucoup parlé.

La Fleur en Papier Doré est un haut lieu bruxellois fréquenté, à l'époque, par les surréalistes, le groupe Cobra, etc...C'est aussi le siège historique de l'association du Grenier Jane Tony. Il se trouve au bas du Sablon, non loin du Mont des Arts, à deux pas de la Clinique César de Paepe.
Venez nombreux à cette première séance.

dimanche 28 décembre 2008

Le livre de l'intranquillité de Fernando Pessoa

Avec une intention particulière pour Cristina


QUATRE PENSEES A PROPOS DU REVE cueillies dans le Livre de l'intranquillité.

Certains ont dans leur vie un grand rêve, et ils le trahissent.
D'autres n'ont pas dans leur vie le moindre rêve - et ils le trahissent tout autant


Si loin que je m'enfonce en moi-même, tous les sentiers du rêve me ramènent aux clairières de l'angoisse.


Un souffle de musique ou de rêve, n'importe quoi pour nous empêcher de penser.


Lire, c'est rêver en se laissant conduire par la main.

mercredi 24 décembre 2008

La porte s'ouvre sur le Nouvel An


Il y a une porte
à la fin de l'année
qu'on pousse du regard
comme on clôt le livre
sur ses derniers mots

Il y a une fenêtre
que l'on ouvre
malgré le froid
la pluie et le vent
malgré les souvenirs
encore récents

Il y a peut-être
quelques prières
qui se pressent
sous la lucarne et la cheminée
et qui s'inspirent
du chant de l'âtre
et de l'être
et de l'avoir été

Bientôt on fermera
chaque volet
sur chaque chuchotement
Que deviendra le frôlement
de soie des douze doigts
de l'année révolue ?

Vienne l'année nouvelle
au rythme de ses saisons
ces quartiers de temps
qui servent de repères
à la nuit de l'aube
sur l'escarpement du jour

Vienne le renouveau
dans notre clair de nuit
hésitant toujours
entre chien et loup
entre noces et matines

Dansent alors
les rondes d'espoirs
sur l'an qui se consume
avec le rêve d'irréel
dont s'habille le réel
pour ne plus décevoir.


J.B.





"La porta si apre sull'Anno Nuovo"

C’è una porta
Alla fine dell’anno
Che si spinge con lo sguardo
Come si chiude il libro
Sulle sue ultime parole

C’è una finestra
Che si apre
Malgrado il freddo
La pioggia ed il vento
Malgrado i ricordi
Ancora recenti

C’è forse
Qualche preghiera
Che si affolla
Sotto la lucerna ed il camino
E che ispira
Il canto del focolare
E dell’essere
E dell’essere stato

Presto si chiuderà
qualunque battente
Su ogni bisbiglio.
Cosa diverrà il contatto
Della seta sulle dodici dita
Dell’anno compiuto?

Viene l’anno nuovo
Al ritmo delle stagioni
Questi bugigattoli del tempo
Che servono da orientamento
Dalla notte all’alba
Sulla scarpata del giorno

Viene il rinnovamento
Nel chiarore della nostra notte
Esitante sempre
Tra cane e lupo
Tra nozze e mattini

Danzano allora
I vortici delle speranze
Sull’anno che si consuma
Con il sogno dell’irreale
Di cui veste la realtà
Per non deludere più.

traduction en italien de Pietro d. Perrone

Dérangements ordinaires de Jacqueline Dumas


Jacqueline est française. Elle partage sa vie entre Nyons et Bruxelles. Elle s'est enfin décidée à publier. Huit nouvelles étranges, inquiétantes, d'une écriture sobre, souple, classique. Un vrai style et de vrais nouvelles qui vous tiennent en haleine, avec des chutes qui vous font tomber de votre chaise. Non, je ne vous les raconterai pas pour vous laisser le plaisir de les découvrir, toutes différentes, mais empreintes de mystère, toujours de pure fiction même quand elles empruntent leur sujet à l'Histoire. J'ai adoré ! On se demande pourquoi elle a attendu si longtemps de nous offrir ce délicieux plaisir de lecture, car voilà une vrai écrivaine à l'art consommé, au talent de romancière (certaines de ses nouvelles sont de véritables petits romans).

15 € , une bagatelle pour la qualité de l'ouvrage publié chez Azimuts, une jeune maison d'édition située Cité Nicolas Deprez, 61, à 4040 Herstal, adresse courriel: editionsazimuts@yahoo.fr. Je pense que c'est là qu'il faut commander le livre, tout de suite si vous voulez passer la fin de l'année en compagnie de personnages vivants qui se permettent...,je ne vous dis pas, des choses drôles, amusantes, osées, horribles (mais bon, est-ce qu'elles le sont vraiment ?).

Jacqueline Dumas collectionne les prix littéraires en France et en Belgique. A titre d'exemple , je ne citerai que le prix du concours organisé par la bibliothèque de la ville de Namur en 2008 "Lettres capitales" et que tout le monde peut lire sur le web sous le titre " Deux rois pour une reine (Jaja Primata)" . La nouvelliste met en scène Blanche de Namur qui, comme tous les Namurois savent, a épousé un prince nordique. C'était au quatorzième siècle. Un vocabulaire, ni trop ni trop peu, qui vous plonge en plein Moyen-âge comme si vous y étiez. En lisant cette belle nouvelle je me suis dis:"Mais où va-t-elle chercher tout ça ?" Et, moi, qui suis aussi nouvelliste, j'ai été jaloux.

mercredi 10 décembre 2008

Le voyage de la Veuve


Le film de Philippe Laïk et Jean Samouillan « Le voyage de la Veuve » a donc été projeté mardi 9 décembre, à 20 h50, sur France 2.

Il relate très (trop) librement le transport de la guillotine de campagne du bourreau parisien Deibler, de Paris à Furnes, en Belgique, en mars 1918, en vue d' y exécuter un Maréchal des Logis artilleur flamand, Emile Ferfaille, condamné à mort à la suite de l'assassinat perpétré sur sa fiancée, de manière particulièrement odieuse, et que le Roi Albert n’avait pas, à juste titre, voulu gracier (la grâce étant depuis plus d'un demi siècle accordée automatiquement par le Roi des Belges qui commuait la peine de mort en détention perpétuelle).

Il s’agit du même sujet que François Sureau avait traité dans son livre « L’Obéissance », paru chez Gallimard. On se souviendra que cet auteur, salué par une presse mal informée sur le contexte historique des évènements auxquels Sureau s'était référé erronément ( voir les billets de mai 2007 du blog "Jean Botquin. Ecrits" et mes articles dans La Libre Belgique et le Vif Express), et qui notamment avait fait preuve d'une piètre connaissance de la géographie de la Belgique, avait pour cet ouvrage reçu un premier prix du roman historique. Sans doute n'y avait-il pas au sein du jury de ce prix un critique historique suffisamment informé, lui aussi.
Le livre de Sureau précédant le film de Philippe Laïk, on peut supposer qu'il l'ait lu ou qu'il s'en soit (vaguement) inspiré. Je pourrais supposer aussi qu'il ait découvert d'autres sources (Siegfried Debaeke) ou les miennes. Philippe Dutilleul de la R.T.B.F (buy buy Belgium) qui travaillait à un projet de film sur Deibler et Emile Ferfaille et avec qui j'avais été à Furnes pour visiter les lieux du crime a donc malheureusement été doublé. Dommage, le sujet aurait, je pense, connu un développement plus sérieux et moins grandiloquent.

Le film de Laïk a été tourné dans la Mairie de Tourcoing , le Fort de Seclin, la campagne de Bouvignies et sur un canal du Nord de la France (sensé, je pense, représenter le Canal de Nieuport ou un affluent de l’Yser ).

Comme dans le livre de François Sureau, Deibler et ses deux adjoints sont accompagnés d’une escorte (un sous-lieutenant, un caporal, des soldats et même une infirmière- Nannon qui vient rejoindre le groupe en cours de voyage-), mais au discours plus terre à terre. Un bombardement, en amont de la voie de chemin de fer, interrompt le déplacement vers Dunkerque où Deibler devait se rendre pour atteindre Furnes par la région côtière encore libre de circulation.
Ce qui devait arriver arrive, la guillotine bifurque vers le front et Deibler se fâche. Cependant Laïk lui fait penser et dire qu'il n’a pas le choix, devoir et conscience professionnelle obligent. Les obus tombent (de gros pétards qui, à un moment donné, forcent les personnages de l'escorte à revêtir des masques contre les gaz moutardes. La scène prend des allures de mascarade). Le caporal de l'escorte est tué, plus loin c’est un soldat, jeune et sympathique, qui passe l’arme à gauche. Tant de morts pour exécuter un criminel qu’on aurait pu fusiller tout simplement ! L’officier explique sèchement que Ferfaille n’est pas un criminel de guerre mais un assassin de droit commun qui ne mérite que la guillotine.
Une explosion met à mal les caisses de Deibler. Le voyage se termine ? Non ! Deibler fera monter la guillotine au bord d'une tranchée pour voir si elle tranche encore correctement, car il ne veut pas décevoir le Roi des Belges et le forcer, contre son gré, à gracier quand-même le meurtrier, la coutume voulant que le condamné ne soit pas exécuté si le couperet ne descend pas jusqu’en bas des bois de justice pour terminer son travail. Et l'on voit ainsi se dresser les bras de l' échafaud dans le ciel tourmenté !

A 5 km de Furnes, on passe la frontière belge (sic) – une fois de plus la géographie des Français bat le beurre, peu importe, le cochon-spectateur n'y verra que du feu.

Tout se met en travers de la route de Deibler, la nature (la pluie, et la boue – on se croirait dans la Bérésina de la campagne de Russie –) et la guerre.
Comme dans « Indigènes » des Sénégalais dont le plus bavard donne du « Monsieur de Paris » à tout moment, font leur apparition, presque un rayon de soleil noir sur fond d’anti-racisme ou de racisme ( selon le côté où l'on se place).
C’est ensuite au tour des Anglais à se manifester, accompagnés de prisonniers allemands, belle occasion pour l’officier français de donner une leçon de politesse et de morale internationale aux soldats prêts à découdre du boche innocent.
Et, j'abrège, à la dernière minute, la guillotine installée fièrement dans le Fort de Seclin risque sa peau avant de s’occuper de celle de Ferfaille, grâce à un obus ou une bombe qui la rate de peu .
On constate que le réalisateur a réuni tous les ingrédients pour que la mayonnaise prenne et que le film tienne l'écran pendant la durée qui lui est imposée. Tragicomédie, farce, j'étais disposé à m'amuser. Le début du film ne me déplaisait pas. J’adore les trains à vapeur anciens et leur voyageurs aux gueules patibulaires. Jusque là, l’histoire était assez conforme à la réalité que je connais bien. Hélas, je connais aussi la Flandre Occidentale et la région de l’Yser, celle de Tourcoing et de Lille d’où ma famille du côté maternel est issue et où j’ai passé de nombreuses vacances. J’ai eu du mal à lâcher bride à mon imaginaire. Epopée, voyage d’Ulysse terrestre, cheval de Troie cachant mal une guillotine rendue ridicule, discours rabâché sur les horreurs de la guerre et sur l’absurdité des hommes et des administrations qui nous gouvernent, je ne pouvais rien prendre au sérieux. Puis, trop c'est trop. Comment y croire quand la vérité connue est presque totalement étrangère à l’anecdote créée et amplifiée pour les besoins du spectacle. Car, lorsque Philippe Laïk déclare à un journaliste du Soir: "J'ai été sidéré. Tout ce périple dans un pays rongé par quatre ans de guerre, dans l'unique but de tuer une personne supplémentaire..." il oublie que le périple tel qu'il le raconte, c'est lui qui l'a inventé, en en remettant quelques couches, pour corser l'affaire et tenter de la rendre efficace aux yeux des spectateurs du film du mardi soir. Car, à l'époque, le voyage de la Veuve s'était relativement bien déroulé par deux trains consécutifs et un camion de l'armée belge. Des déplacements de guillotine n'étaient pas rares. Ils n'avaient pas de quoi étonner les contemporains d'alors comme aujourd'hui.

Du coup, le récit et les personnages me sont apparus comme artificiels, ridicules et misérables. Pourquoi n’avoir pas étudié Deibler et son horrible fonction de façon plus approfondie plutôt que de faire croire à ce qui n'a pas été et, je le concède, à ce qui aurait pu être dans le pire des cas, si Deibler avait vraiment été courageux ? Or, les véritables évènements et les mémoires de Deibler ont démontré qu'il était couard et qu'il avait peur de mourir et donc qu'il aurait vraisemblablement rebroussé chemin comme il a eu envie de le faire, à un certain moment du film de Laïk .
Par ailleurs, l’entourage notamment familial de Deibler ne valait-il pas que l’on s’y attarde ? Le personnage du meurtrier et son procès méritaient, eux aussi, plus d’intérêt.
Bien sûr, ce n'est pas ça que les réalisateurs ont voulu faire. Ils voulaient faire un film de guerre pour le nonantième anniversaire de la fin de la grande Guerre.
Que feront-ils quand il n'y aura plus de guerre à raconter? Et bien, ils en inventeront; ils ne manquent pas d'imagination.
Mais quel est donc " cet ami belge qui a raconté à Philippe Laïk l'histoire de l'exécution de Ferfaille , comme on a eu l'occasion de lire dans le journal "Le Soir", et qui l'a tant sidéré?
N.B. Consultez également le blog de Daniel Fattore et La traversée de la passion. Le premier a fait un commentaire sur le livre de François Sureau et le deuxième sur le film de Philippe Laïk. Voir la rubrique Liens de mon blog.

mardi 9 décembre 2008

Pour Jean Botquin debout sur la mer

Le texte suivant m'a été dédicacé par Yvonne Sterk, poète et ancienne journaliste free-lance au Moyen-orient.
Son dernier ouvrage "Le rempart de Sable " a été publié à l'Arbre à Paroles en 2002. Ce poème m'avait touché. J'espère que vous partagerez mon émotion.

Racontez-moi les Appalaches
où le vent chante à son berceau,
et parlez-moi de Trébizonde
dans le premier rire du jour.

Vous n'oublierez pas Andrinople
pour que j'y trace mon jardin.
J'habiterai l'heure qui passe
en ce pays de nulle part
dont on ne peut remonter l'ancre
dans la plus immense des mers.

Les Appalaches, Trébizonde,
le chemin qui mène là-bas
je m'en souviens depuis l'enfance
lorsque j'y allais quelques fois
par Andrinople et ses jacinthes.

lundi 1 décembre 2008

A mon ami d'enfance Léonard qui vient de nous quitter, le premier décembre 2008





Etre ton messager auprès de ceux qui t’aiment
C’est la mission que tu m’as confiée
Et que j’ai acceptée

Tu voyais s’approcher le temps du départ
Tu voulais éteindre le cierge qui pleurait sous la flamme
Tu as décidé de prendre à l’espace
La musique du silence et de l’offrir autour de toi

Tu étais au bout du chemin
En haut de la falaise
Face à la mer et son mystère
Face aux étoiles incertaines

Tu as dit à la souffrance qu’il fallait qu’elle se taise
Tu voulais enfin faire voler ton âme sur les crêtes
A la rencontre de la ligne d’horizon
Dans le crépuscule d’une fin et l’aube d’une renaissance

S’ouvre aujourd’hui l’estuaire des souvenirs
Dans le mouvement des vagues de la mémoire
Que ton corps s’auréole
Au lieu de tromper ton esprit

Que la paix survienne
Dans notre tristesse
Où tu t’allonges auprès de nous.