jeudi 30 avril 2009

Lerici, le golfe des poètes et les contraventions électroniques.











A dix km de La Specia, Lerici est une station balnéaire italienne tout à fait charmante, située sur le golfe des poètes où Shelley fit naufrage et se noya.
Marianne et moi, nous nous y sommes promenés, le 25 septembre 2008, par un temps ensoleillé. De l'autre côté de la baie se profilaient les îles et les falaises de Portovenere. Eau turquoise, palmiers, plage accueillante, port de plaisance dominé par un château fort, ruelles étroites, boutiques, oenothèque où nous nous sommes restaurés, sieste sur la plage.
Il ne nous fut pas facile d'accéder du haut de l'autoroute à l'entrée de la ville, et, ensuite, de trouver un parking pour touristes, en périphérie de la commune. Du parking, après avoir fait notre obole à l'horodateur, nous sommes partis à pieds pour une promenade de découverte de la cité. Et c'est sur le retour que nous avons fait une halte sur le sable, non sans être retourné mettre de la monnaie dans l'horodateur. Vous voyez que nous sommes disciplinés et respectueux de la loi.
Pour arriver à l'endroit où nous avons abandonné notre Fiat de location, nous avions longé la mer. Avant d'arriver à cette avenue maritime nous avions emprunté des rues assez compliquées, en suivant d'autres véhicules dont certains se rangeaient le long des trottoirs, sans doute pour permettre à leurs occupants de faire quelques courses ou quelques livraisons. Les places et les ruelles du centre-ville étaient interdites à la circulation, personne ne s'y aventurait, à fortiori nous non plus.
Tout se passait donc bien. C'est ce que nous pensions. Il faut croire que nous nous sommes trompés car sept mois plus tard, nous recevons trois courriers datés du même jour nous annonçant que nous allons être débités de chaque fois quinze €, donc au total 60 €, pour des frais de recherches sollicitées par les autorités communales auprès d'Avis , à la suite d'infractions que nous aurions commises à l'égard d'une réglementation fantôme réservant le passage de certaines rues aux seuls détenteurs d'autorisations en bonne et due forme. Lesdites contraventions nous étant adressées par courrier ultérieur pour des montants d'une centaine d'€ chaque fois. Au total, vraisemblablement 400€ pour un seul et même fait constaté à des heures différentes, à l'entrée ou à la sortie ou au passage, par des appareils de vidéo contrôle stupides et ne connaissant pas le principe de droit romain non bis in idem. Si infraction il y a, il est clair qu'il ne peut s'agir que d'une seule infraction et non pas trois qui auraient pu aussi bien être six si nous avions fait marche arrière chaque fois que nous sommes passés au-delà de la ligne interdite sans imprimatur, avant de continuer notre route. Piège à touristes ou piège à cons, ou les deux à la fois. Dans d'autres villes d'Europe qui cherchent à protéger leur centre historique, les choses sont claires. On ne passe pas. En Italie, peut-être que tu passes ou peut-être que tu ne passes pas, si tu as une autorisation, tu passes mais comme l'appareil ne fait pas le détail, tu reçois un P.V. et tu dois prouver que tu avais une autorisation, par exemple, que tu logeais dans un hôtel situé dans la zone protégée. Dans ce cas, encore, parait-il, l'autorisation ne fonctionne que pour le dépôt des bagages et leur retrait avant de quitter la charmante localité, ouf, j'allais écrire calamité. Les touristes éconduits sont légion sur internet. Beaucoup parlent d'arnaque à l'italienne, jurent qu'on ne les y reprendra plus, se demandent si ce n'est pas une manière de financer les déficits budgétaires des communes sous le faux prétexte de protéger le patrimoine architectural des villes italiennes.




Je ne vous ai pas tout dit car la première fois que j'ai fait connaissance avec la Z. à C.L. (zone à circulation limitée), c'est à Pise, l'année précédente. L'agence de location de voitures ne m'a pas débité des frais de recherche comme Avis -à bon entendeur salut- et le P.V. n'est arrivé que bon dix-huit mois après les faits, trop tard pour me mettre en garde contre la protection sournoise des centres historiques en Italie mais au-delà d'un délai de prescription normal. Aujourd'hui, je suis appris, comme on dit, mais ne l'étais pas encore, quand je me suis fait pincer début septembre 2008 à Arezzo sur un axe important de la ville où rien ne laissait prévoir "qu'un oeil noir me surveillait l'arrière-train" et imprimerait la plaque pour me coller dans l'album des représailles d'une Société de récupération outsourcée hyperpolicée qui vient de m'adresser une espèce d'incitation au payement d'une somme conventionnelle susceptible de mettre fin aux actions judiciaires des communes. Elle m'a prévenu que si je payais, mes fautes seraient pardonnées mais que si je choisissais un recours en justice je devrais le faire en italien et devrais me déplacer devant une juridiction italienne. N'est-ce pas de l'intimidation ? Ma Lerici chérie va-t-elle procéder de la même manière ?




Ah! qu'il faisait beau sur les côtes ensoleillées de la baie des poètes. Que ne suis-je né plus tôt pour m'y promener en calèche avec Shelley et y rencontrer lord Byron, à l'époque ou les poètes étaient reconnus. Mais basta...

dimanche 26 avril 2009

Printemps d'orient

Le rhododendron
Blanc, fin avril, floconne
L'azalée rampant

mardi 21 avril 2009

Des coins peu connus du Hainaut pas loin du château de Seneffe

Les sous-bois tremblent
Sur un lit de bleuettes
Au seuil du printemps


Le chemin prétend
Ne plus s'arrêter avant
La fin d'EuropeUne marcheuse
longe le sombre canal
Sous les arbres verts
Avec un petit
Air de canal du midi
L'eau se caresse
Les ponts attendent
Les bateaux qui lèveront
Leur tablier d'acier
Tendres reflets verts
Pêchant au bout des perches
Des poissons distraits
Ecluses mortes
Transformées en cascades
Sur les escaliers
Un château bleu-gris
Ouvre ses perspectives
Inaccessibles
Le château de Seneffe


dimanche 19 avril 2009

Un samedi à Seneffe



Petite chienne
Adorable à l'oeil noir
Qui te regarde

jeudi 16 avril 2009

Redu, le village des livres oubliés.





































J'emprunte, en l'adaptant, le nom donné par Carlos Ruiz Zafón, dans son superbe roman " L'ombre du vent", à un lieu mystérieux du quartier gothique de Barcelone, un immeuble consacré par un bouquiniste étrange aux livres dont les auteurs ont disparu dans l'oubli et qu'il nomma : " Le cimetière des livres oubliés".


Redu, c'est un peu la même chose, un cimetière des livres oubliés. Toutes ces vielles granges où moisissent de vieux livres poussiéreux en attente de leur rédemption. Que le Grand Littérateur de là-haut rende une vie nouvelle à tous ces livres d'auteurs inconnus ou d'auteurs jadis connus dont on ne parle plus.

Parmi ces livres allergisants ( après ma visite à Redu, j'ai fait ma crise d'éternuements), cependant, j'ai trouvé aussi quelques livres d'auteurs actuels que je ne citerai pas, dont les livres gisaient, vivants, parmi les morts, à attendre quelques passants, comme moi. Victimes d'éditeurs sans diffuseurs, inconnus des libraires, éditeurs à compte d'auteur, ces livres flambants neufs tentent leur chance à côté de livres momifiés. Et pourquoi pas, tout compte fait, la bande dessinée des analphabètes y est bien représentée, elle, tant au prix de l'occasion qu'à celui du livre neuf.
Je n'ai trouvé aucun de mes livres mais j'ai sans doute mal regardé. Plusieurs d'entre eux n'existent plus que sur internet, après la faillite de mon éditeur ou sa cessation d'activités, restons polis. "La transhumance des Banquiers", par exemple est disponible e.a chez Amazon et Chapitre. com . Google le cite sur 56 pages différentes. La gloire quoi ! Apparemment donc pas un livre oublié. Mais de flous pour moi, nada.
Après ma visite au cimetière, je suis retourné dans mon jardin regarder pousser la verdure et les fleurs du magnolia et des deux cerisiers.

mercredi 8 avril 2009

Estinnes-au-Val un dimanche de carnaval


Plus ça résonne
Plus s'amuse le quartier
Sous l'impassible

Dure la paille
Sous les bosses du gille
Infatigable


Un dernier apprêt
Pour la ronde nouvelle
Au bruit des sabots

L'orange à la main
Les plumes dans la friture
Presqu'à Binche



Trois caniches blancs
Aux pattes innombrables
Sur les pavés gris


La neige d'avril
Se profile sur le bleu
Et le haut clocher


Douceur d'une porte
Fermée sur ses prières
Loin de la fête




Quand le vent d'avril
Fait tourner les éoliennes
D'Estinnes-au-Val

Vignoble penché
Comme le vin espéré
À la robe d'or

Estinnes-au-val, pas loin de Binche, est un charmant village alliant progrès et tradition folklorique. On y construit les éoliennes les plus hautes d'Europe (200 mètres), presqu'au-dessus d'un vignoble de plusieurs ha qui produit un vin champagnisé rivalisant les champagnes français. Pour s'en procurer, il faut les acheter au moins un an à l'avance. Les paysages y sont doux; un gros ruisseau, au nom pittoresque de Trouille traverse la commune.



Comme dans beaucoup de villages de la région du Centre, on y fête le carnaval avec une société de Gilles locaux, à la bonne franquette, sans trop se soucier des Gilles de Binche à l'Appellation Contrôlée.

mercredi 1 avril 2009

La chambre noir du calligraphe. Un futur recueil de haïkus. Projet d'avant-propos

Huit haïkus prennent le large
et haïku contemplatif en bord de mer.
Photos de Marianne.


La chambre noire du calligraphe que j’ai baptisé recueil de haïkus n’est sans doute pas un recueil de haïkus classiques.
Cependant, si, d’après Tôhô, le haïku est un bref poème qui fixe à un instant donné les choses qui se meurent…avant qu’elles ne soient éteintes dans l’esprit, certains de mes haïkus répondent, il me semble, à cette définition. Ils sont aussi, pour reprendre un commentaire de Maurice Coyaud, des poèmes d’amour (ou de son contraire), ou de nostalgie, voire des souvenirs de voyages et d’itinéraires. Ce sont, je crois, également, mes sources d’inspiration.
Alain Kervern a dit du haïku qu’il était un art à part entière pouvant faire miroiter toutes les facettes de l’existence humaine et de l’univers. J’ignore si je peux reprendre cette phrase à mon compte. En tout cas , c’est ce que j’ai tenté de réaliser durant les deux mois où j’ai écrit ces quelques 250 tercets, à la suite d’un pari que je me suis fait à moi-même : serais-je capable de traduire une partie de mon imaginaire de cette manière fugace et concise ?

Je considère que chacun de mes versets forme un haïku qui se suffit à lui-même, un instantané de ma chambre noire. Qui peut être lu séparément. Dans l’ordre ou dans le désordre. Un haïku ou autre chose. J’espère un poème, un rendu d’une certaine réalité, intérieure ou extérieure, une réflexion, un constat, une image, une marque d’étonnement, un moment d’émotion.
Parfois un tercet a engendré un autre tercet, parfois même un troisième, comme si le premier n’avait pas été suffisant et qu’il nécessitait une couleur supplémentaire, un angle différent pour le rendre compréhensible. C’est sans doute en cela qu’on pourrait me reprocher d’avoir transgressé les règles de l’écriture des haïkus. On pourrait me dire : « Tu as pris plusieurs photos du même paysage.» Paysage mental ou réel s’entend. Ma réponse est simple, les instants ne sont jamais pareils, même s’ils forment une suite.

Anne Tardy a écrit quelque part que les haïkus sont de petits poèmes surgis en un instant que l’on attrape au vol du bout de son crayon. C’est joliment dit mais ne correspond pas à ce que j’ai éprouvé en les écrivant. Je ne les ai pas saisis au vol comme des papillons. Il m’a souvent été difficile de les faire entrer dans leur forme de 17 syllabes. Mais travail bénéfique que cette ascèse verbale qui force à l’essentiel et à la suggestion.

Leur classement en 7 chapitres n’a pas été arbitraire. Publiés par petits paquets sur mon blog durant les mois de février et mars, je les ai triés par thèmes et ambiances. En conclusion de ce travail, j’ai constaté que j’avais inconsciemment repris des thèmes que j’avais exprimés dans mes poèmes antérieurs sous d’autres formes, parfois proches des haïkus, mais jamais si rigoureuses. Je suis donc, apparemment, resté fidèle à moi-même.

Les haïkus de la chambre noire, à proprement parler, tournent autour de la création littéraire et l’espoir qu’elle contient. En quelque sorte, ils introduisent la suite, le verger, la nature, les germes et les fruits de l’amour. Apparaissent déjà, dans le verger, le couple qui se découvre et qui, plus tard, deviendra antagoniste. Cela annonce le sujet des trois saisons suivantes : la naissance, la maturité, la mort de la passion et de ses illusions.
Le recueil se termine sur la mer où mes haïkus prennent le large avec à leur bord mes passagers :

Quand deux passagers
Dérivent et divaguent
Rythmant leurs rêves

Et plus haut :

Voyage à deux
Voix vers l’île sous le vent
Tanguant sur les flots

Jean botquin