mercredi 22 juin 2011

Être un port de haute mer. Poème inédit.



Être un port de haute mer


Même à mon âge
J’aimerais être un port de haute mer
D’où partiraient les navires de tous mes espoirs
Port ouvert sur le large et les tempêtes
Sur les embruns et les vagues
Sur les îles de mes révoltes apaisées
Port aux mugissements longs des cornes de brumes
Aux phares éclairant le bout du monde et l’éternité

Je quitterais ma petite maison
Et ma chambre ombragée par les feuillages du jardin
D’où j’entends des gens sur le trottoir qui chuchotent
Pour ne pas troubler ma quiétude
Comme s’ils suçotaient des bouts de silence
Ici les femmes ferment les tentures
Les persiennes glissent sur mes paupières
Je vois passer les convois funéraires des imaginations
Et mes rêves sont peuplés des cris des pleureuses
Mes yeux se bouchent sous leurs baisers humides

Les femmes se meuvent lourdement
Dans mes songes éteints
Le long de couloirs étroits et interminables
Qui s’enfoncent derrière moi
Très loin dans la jungle des villes

Les nébuleuses se sont écartées de moi
J’ai du plomb dans l’aile
J’ai les plumes hérissées
Autour d’anciennes blessures mal cicatrisées
Tous nous sommes marqués par le sceau d’incurables scléroses
De nos sentiments de chair
Les larmes d’acier du ciel se sont figées dans nos crânes
D’autres sont descendues jusqu’au cœur
Pour y rouiller au fond de l’âme
L’alchimie de nos vies est pesante
Elle nous plombe les pieds à la terre
Alors que la mer toujours nous appelle


Jean Botquin 22 juin 2011

lundi 20 juin 2011

Danielle POPELER: "Mélodie de haïkus - Spirales d'images"



Danielle POPELER: "Mélodie de haïkus - Spirales d'images": "Les 'Haïkus', vous connaissez ? Et les miens? Non, ce ne sont pas les cousins germains des sudokus que j'aime beaucoup d'ailleurs, mais dans..."



Je suis tombé par hasard sur le recueil de Danielle Popeler, à la librairie de la Reine, à Binche. Ouvrant le livre, j'ai vu mon nom dans son avant-propos. Je me suis souvenu que je l'avais rencontrée à la Bibliothèque de Binche lors d'une présentation de mon recueil de haïkus "La chambre noire du calligraphe". J'ai donc fait une émule et je ne le savais pas. Bien entendu, j'ai acheté son joli recueil dont je publie, ci-dessous, quelques haïkus que j'ai aimés.
Il échafaudait
Sur la comète des plans
A dormir debout
+
Taillant les branches
De ses vertes années
Il s'y accrochait
+
Ils se querellaient
Sur la plage de Cayeux
Un sac de galets
+
Sous une cloche
S'ennuient des fromages
Tous bleus de rage
+
Paupières closes
Dans la douceur de la nuit
Elle voyageait
+
Pieds- de- nez farceurs
De Violons d'Ingres et
De Symphonies
+
Sur la liane
De ses mensonges lointains
Il se balançait
+
A pas de géant
Accouraient des nuages
Grisés de larmes

samedi 18 juin 2011

La revue "Nos Lettres" de l'A.E.B. (80 années d'existence) fait peau neuve















Soirée des lettres du mercredi 20 avril 2011. Présentation de mon "Bréviaire d'un quotidien" par Danièl Berditchevsky. NOS LETTRES - 1 juin 2011.

Pour agrandir cliquer deux fois sur les images.

mercredi 15 juin 2011

Delire. Texte de Jean Botquin

Une nuit de l'été dernier, il s'était réveillé vers deux heures au milieu d'un essaim de poussières végétales, vrombissant à la manière d'abeilles autour d'une ruche. Elles formaient une espèce de nuage éclipsant la lampe de chevet qu'il s'était empressé d'allumer. Il n'osa l'éteindre car dans le sommeil à peine quitté, il s'était battu contre une colonie de reptiles aux vibrations lentes qui s'insinuaient dans son cerveau. Il craignait qu'à l'intérieur un nid de vipères noires ne s'installe et ne régente toutes ses émotions. Les vipères mangent-elles les fourmis sans faire de différence entre les rousses et les noires ? Pourquoi ne pas se laisser squatter pour en finir avec ces caravanes d'insectes laborieux ? Les fourmis transportent n'importe quoi. Certaines organisent des convois chargés d'un monde innommable de microbes à peine réveillés de leur léthargie hivernale. D'autres ne font qu'amener des morceaux d'épaves inutiles, d'autres des desquamations inqualifiables. D'autres, on se demande quoi car leur charge ne ressemble à rien de reconnaissable.
Il s'était promis de rêver de filles qui danseraient sous ses yeux, serrées dans des jeans qui donnent aux cuisses l'élancement du désir, rêver de filles au nombril profond, tel le calice de fleurs somptueuses, oui, c'était ce qu'il avait espéré. Rien de tout cela n'était arrivé. Il n'avait vu que des cloportes, des milliers sous toutes les pierres qu'il soulevait, patiemment, les unes après les autres, dans l'espoir de trouver une pierre qui n'en abriterait plus.
Plus tard, des troupeaux de moutons se sont mis à se presser sous la hargne des chiens qui leur mordillaient les nerfs. Il ne comprenait plus rien. Des deux mains, il souleva son coeur en dessous duquel, il ne trouva qu'un grouillement de vers coprophages. Puis ce fut la fin indescriptible ...

dimanche 12 juin 2011

Avec mon groupe de marcheurs, à la redécouverte d'Emile Verhaeren, à Roisin.

Je suis le fils de cette rage

tenace

Qui veut, après avoir voulu

Encore, et encore plus!


Pierre 21 du circuit






Dès le matin, par mes grand'routes coutumières
que traversent champs et vergers,
Je suis parti clair et léger
Le corps enveloppé de vent et de lumière
Les forces tumultueuses. E.V.




Je regarde rentrer chez moi tout l'horizon
A chaque heure du jour, en ouvrant ma fenêtre;
Et la lumière et l'ombre et le vent des saisons
Sont la joie et la force de l'élan de mon être.
Les Flammes hautes. E.V.















Ma maison semble un nid doucement convoité

Par tout ce qui remue et vit dans la lumière.
La multiple splendeur. E.V.



Elle est humble, ma porte,
Et pauvre, ma maison.
Mais ces choses n'importent
Les Flammes Hautes. E.V.














Il y a quelques mois, la Province du Hainaut réouvrait l'espace muséal Emile Verhaeren à Roisin. J' y ai entraîné mon groupe d'amis marcheurs. Après la visite du musée commentée par un guide de la province, Monsieur Legrand, nous avons suivi le circuit des pierres, à travers champs, bois, le long de la Honelle, et au pieds du fameux caillou-qui- bique. Une promenade très agréable d'un quatre km, jalonnée des pierres gravées de textes poétiques d'Emile Verhaeren. Ponctués d'arrêts pour écouter des poèmes, cette balade nous conduisit enfin vers une guinguette, tout juste à la frontière française.Emile Verhaeren séjourna de longs mois à Roisin durant une quinzaine d'années de sa vie. A cette époque, un train l'emmenait jusque dans un village voisin Angrau, encore desservi par les chemins de fer, supprimé depuis belle lurette. C'est le poéte Rodenbach qui lui fit connaître le village de Roisin dont il tomba amoureux. Tous les promeneurs qui découvrent le pays comprennent tout de suite pourquoi. Ce coin de wallonie est particulièrement attrayant, la douceur des paysages bucoliques enchante, le cours tumultueux de cette mystérieuse Honelle, traversée d'anciens gués de pierres, sous les dômes de verdures des sous-bois, a un air de torrent de montagne.

vendredi 10 juin 2011

"Formes" Poème de Jean Botquin, paru dans Elégie d'un kaléidoscope




Liane sombre tordue autour d'un rêve d'ombre
d'un rêve d'ambre de satin et de velours
déesse de soleil et de bronze
amphore des mers du sud
qu'un pêcheur de sa plongée remonte
avant l'aurore

Apparaît
le présage d'un visage
des temples triangulaires
dansant sur les paumes de Shiva
ou Vishnu
Ô
métisse d'Afrique ou d'Asie
dans l'amande
et
la transe
d'un regard

Ventre
voûte envoûtante
des portes secrètes
commissures et sourires
aux ocres d'airains
sinusoïde
perfide
de toutes vibrations
de
reptile

Plante
dont le partage
sodomise l'instant
des courbes
etdes parfums
âcre mélange de poivre
d'encens
et de santal féminin
au centre
des méridiens
des espaces

Nuque de gazelle noire
sur le rivage des îles
de corail
Ô
seins d'Amazone
couverts de poussière
d'eau
et de sable

Jean Botquin
"Formes"in Elégie pour un kaléidoscope

jeudi 9 juin 2011

Le Peignoir Rouge- Un inédit de Jean Botquin, paru également sur Facebook.

Tu dors

Sur ton visage se reflète

L'ombre d'un rêve sombre

Inaccessible

Tu n'es pas nue

Car le sommeil t'habille

D'un peignoir rouge qui te couvre

Et qui te fait plus longue

Plus fragile et plus tendre

Allongée comme la nuit

Qui te découvre

Tes cils reposent

Sur ton sommeil fermé

Pourquoi ton front est-il tendu

Autour de deux rides

Qui prolongent

Ton rêve où tu sombres

Inaccessible

La paleur de ton visage

Combat le repos

L'arc se brise par moitiés

Sur l'eau

Où surnagent la peur

Et la tendresse abusée



Jean Botquin

lundi 6 juin 2011

Mohamed El jerroudi et son recueil "Coeurs Absents" présentés à RABAT le 30 juin 2011




Recueil de Poésie - Mohamed El Jerroudi

« Écrire un poème/ c’est rendre les choses obscures /pour qu’elles donnent de la lumière ». Mohamed El Jerroudi ne pouvait mieux exprimer le mystère de la création poétique. Cette définition, il la doit sans doute aussi à sa passion pour la peinture, car ce poète marocain est également critique d'art. Son écriture ne fonctionne-t-elle pas comme des pinceaux brossant des surfaces de nuit avec une matière dense, composée de mots simples et lumineux qui sculptent le ciel et dévoilent les étoiles ?
L’encre de Mohamed El Jerroudi est brûlante, elle dessine les mots, fait danser l’âme, raconte comment « le temps nous dévore et nous déshabille devant la mort », mais aussi, avant l’inéluctable, célèbre la vie et la beauté.

Livre de silence et de recueillement « Cœurs Absents » évoque dans un langage fluide comme un sang vivant, une spiritualité berbère étrange, émouvante, proche de la terre et du ciel.

Jean Botquin


Date : Jeudi 30 juin 2011
Heure : 18h30
Lieu : Villa des Arts de Rabat

dimanche 5 juin 2011

Amis belges, ne vous quittez pas. Message de Sabine Aussenac dans Le Post, paru en juin 2010.

Amis belges, ne vous quittez pas...
13/06/2010

Le pays où l’on arrive toujours.

Dédié au Pasteur Paul Vandenbroeck.


J’ai deux amours : mon Toulouse et Bruxelles.


Longtemps, j’ai cru ne pas pouvoir survivre hors de ma ville rose. En exil auvergnat, je placardais mes murs de posters de la Basilique Saint Sernin ; à Bordeaux, je n’avais de cesse que de remonter Garonne.





Lors de ma première visite dans la capitale des Belges, je pleurais. De rage - car mon époux nous forçait à l’exil, à nouveau -, et de froid : je me revois, blottie dans une cabine téléphonique près de l’Atomium, ne comprenant même pas comment on pouvait être Persan, enfin, Belge.





Si l’on m’avait dit que quelques mois plus tard, je me sentirais plus royaliste que le roi, j’en aurais bien ri. Et pourtant, moi, la républicaine acharnée, la prof engagée dans le combat de la laïcité, la Tarnaise, fille de Jaurès, me retrouvai bien, par un bel après-midi d’automne, à applaudir au passage du carrosse-non, n’exagérons rien, les Belges, contrairement aux Anglais, ont le sens de la modernité !-de la voiture royale.





Pourtant, Dieu sait que je pestais, en regardant les cahiers de mes Princesses. Le cours d’histoire de ma cadette semblait directement sorti de quelque numéro de Point de vue - Images du Monde, la pauvrette devant s’apprendre les différents noms des monarques européens vivants… Quant à l’aînée, en sixième, on aurait pu la croire en hypokhâgne, avec ses six heures de latin, à ceci près qu’elle me semblait AUSSI commencer math sup’, au vu du nombre de ses heures de maths. Bref, cet enseignement me semblait plus proche de celui dispensé dans une école de Jésuites de l’ancien temps que de l’après soixante-huit.





Ne parlons même pas de l’enseignement des langues. Se réfugiant derrière leur sempiternel bilinguisme forcé, nos amis Belges faisaient passer toutes les autres langues à la trappe. De l’allemand, pour mes petites d’origine teutonne, il ne fut jamais question, la troisième langue n’étant commencée que bien plus tard, puisque tous les efforts portaient sur l’apprentissage du flamand, et, bien sûr, de l’anglais. Et pourtant, la langue de Goethe fait officiellement partie des « trois langues nationales », puisqu’elle est parlée, ou plutôt, délicieusement chantée, dans les cantons de l’Est, et que les annonces du métro, par exemple, sont faites aussi dans cette langue.





Mais le rapport des Belges à leurs langues est aussi joliment schizophrène que celui qu’ils ont à leur nation divisée. Au début, je trouvais cela si exotique, si international, ces traductions permanentes… Songez, mon avenue, celle de « L’Indépendance Belge », se nommait aussi « Belgische Onafhankelijkheits laan », à vos souhaits merci… C’est que le flamand, en fait, une sorte de dialecte outre-rhénan, je m’imaginais le comprendre aisément. Que nenni, je pense qu’un palais d’habitant du Sud-ouest, même doté de gènes germaniques, ne peut tout simplement s’adonner à la rudesse de ces consonnes qui fouettent comme le vent sur la jetée d’Ostende.





Il faut dire aussi que l’on sort très bien avec une seule langue. Soyons honnêtes, en ce jour d’élections, en ce jour où nos amis votent pour savoir si leur pays restera une nation, je voudrais leur redire que mon petit guide Assimil est vite revenu sur mon bureau. Car il faut rendre à César ce qui est à César, les Flamands, eux, naturellement doués en langues, qui biberonnent en anglais grâce à leurs innombrables chaînes de télévision diffusant tout en VO-oui, nos bébés aussi seraient meilleurs en langue, si Tchoupi et Doudou parlaient anglais…-parlent aussi un français remarquable.





Les Wallons, eux, aussi cossards que nos élèves parisiens, ânonnent péniblement quelques vocables en barbarisant à qui mieux mieux, avant de s’inscrire, dès la fin de leurs « Humanités », dans quelque école où ils apprendront enfin la langue des Polders… Bref, la balle est dans le camp wallon, c’est à eux, à mon sens, de faire un effort linguistique.


D’autant que Bruxelles, c’est Babel. Comme je les aimais, mes trajets en tram ou en métro, me sentant comme les anges des « Ailes du désir », lorsqu’ils écoutent les conversations intérieures des gens, la tête posée sur leur épaule… Tous ces jeunes cadres de le Communauté, chemise et dents blanches, conversant en mille langues, côtoyant les ménagères en djellaba qui venaient de faire le marché au « Midi », et les petites mamies flamandes, toujours si délicieusement maquillées… Nul besoin d’interprète, l’âme belge était là, se faufilant au gré des dialectes, des accents, et culminant dans cette pinte de Kriek que l’on partagerait, à l’heure où rosit la Grand-Place…





Car le melting pot existe bel et bien, et c’est justement au terreau de la diversité que s’épanouit la beauté de cette nation si colorée, si douce, aussi gouleyante que la bière d’abbaye, aussi raffinée que les dentelles de Bruges, aussi profonde qu’une forêt d’Ardennes. Mon métissage franco allemand me rendait sans doute perméable à l’incroyable richesse culturelle de ma nouvelle terre d’adoption. Mais il suffit d’emprunter le Thalys et d’arpenter quelques heures la capitale belge pour tomber amoureux des lumières ornant les façades art déco de l’Avenue Louise, et pour comprendre que la Belgique a su réunir en un seul creuset deux histoires, deux géographies que tout semblait opposer.


Et même si les enjeux économiques sont réels, même si les politiques des deux bords peuvent en ce jour s’enflammer pour les particularismes, je forme un seul vœu : que le « chagrin des Belges » n’éclate pas ce soir, que la césure n’ait pas lieu. Car moi, l’étrangère, l’apatride, j’ai ressenti en Belgique une chaleur humaine incroyablement dense, liée peut-être à ce climat rude et versatile, qui oblige les hommes à resserrer leurs liens.


Jamais je n’ai rencontré autant d’occasions de « faire la fête », de sortir, de m’intégrer dans des liesses diverses, populaires, bourgeoises, aristocratiques, sportives…Certes, mon Sud-ouest est riche en « Bandas », en festivals de toutes sortes ; mais en Belgique, pas un WE sans fête, sans marché spécifique, sans manifestation conviviale….Sans compter les Géants, et les étals de chez Léon, et les innombrables mises en bouche.


Certes, tout est organisé, régenté, oserais-je affirmer. Jusqu’aux parcs et forêts, soigneusement aménagés, sauf, peut-être, au cœur des roches ardennaises, lorsque la Meuse, femme libre encore, ose s’élancer à travers une nature sauvage et indomptée. Mais presque partout ailleurs, on observe la main de l’homme, dans les sentiers policés da la magnifique forêt de Soignes, poumon vert de la capitale, ou au travers des arpents du « Pays des Collines »-vous ne le saviez pas ? La Belgique possède bien des sommets !-


Et c’est là que bat le cœur de l’âme belge. Il bat au gré des pierres ancestrales des abbayes, il bat au détour du silence des Béguinages, et au sommet de ces beffrois ciselés de villes de Flandres. Il bat dans le cœur des anciennes cités minières, il bat le long des canaux, et le ciel belge, si changeant, si merveilleusement libre, doit garder cet arc-en-ciel des possibles, cette fraternité, cette diversité.





Je veux revenir en Belgique. Les aléas de la vie m’en ont arrachée, mais je veux à nouveau pouvoir flâner aux Marolles, marcher vers l’horizon à Ostende, rêver à mon Arthur en arpentant les bords de la Meuse ; je veux me souvenir de mes petites filles qui, au bout de quelques mois, ne disaient plus « il pleut » mais « il drache », qui avaient oublié « entre une et deux » pour « l’heure de table »…Je veux manger du pain Grimbergen, et du gouda aux orties, je veux aller au marché de Jette, et manger des boulettes dans les Friteries, et voir claquer un seul drapeau sur la Grand-Place. Le vôtre.






Je ne veux pas perdre ma Belgique. Celle du Grand Jacques et d’Arno, celle des toiles de Bruegel… Et puis mes Bleus de Delft, et mes chocolats Côte d’Or. Je sais ce que c’est, de perdre un pays. Ma mère est allemande, j’ai grandi avec ma richesse de petite fille à la double culture, partagée, certes, entre les lumières méditerranéennes et les sombres forêts germaniques, mais si heureuse d’avoir vécu l’Europe dès le berceau. Mais j’ai grandi aussi avec cette idée de l’Allemagne partagée, divisée, perdue.





Ne vous imposez pas cette souffrance. Elle serait intolérable.





Restez un peuple.





Ne vous quittez pas.





« On a vu souvent
Rejaillir le feu
De l'ancien volcan
Qu'on croyait trop vieux
Il est paraît-il
Des terres brûlées
Donnant plus de blé
Qu'un meilleur avril
Et quand vient le soir
Pour qu'un ciel flamboie
Le rouge et le noir
Ne s'épousent-ils pas
Ne vous quittez pas
Ne vous quittez pas… »





Sabine Aussenac.


www.sabineaussenac.com
L’auteur